Rejoprao-Mauritanie! Pour une pêche durable

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Plage des pêcheurs de Nouakchott: 4 jours en mer pour 100 kg de poisson….

Fouetté par l’air marin du grand bleu, l’odeur du poisson fumé se repend au quartier de la Socogim plage de Nouakchott, situé à quelques encablures du marché. En cette période de ramadan, la porte du marché aux poissons est prise d’assaut par les ménagères et les vendeuses. Elles viennent s’approvisionner en poissons frais, loin. En arrivant sur les lieux, grande fut leur surprise de découvrir des étals à moitié vides.

En cause, le poisson continue de fuir les filets des pêcheurs. Une rareté du produit qui se répercute directement sur les prix du marché : le kilo de la daurade monte à 1000 UM, le mulet à 700 UM, le courbine à 1200 UM, la sardinelle à 4000 UM la caisse, le calamar à 800 UM le kilo, tandis que le thiof était resté introuvable…

Yali Ndiaye, président de la coopérative le « Mool », explique : « actuellement, les pêcheurs font 4 jours en mer pour revenir avec 100 kg de poisson, avant on gagnait le même poids en une seule journée. Aujourd’hui on est obligé d’aller jusqu’à 200km vers le nord(Nouadhibou) pour ne pas rentrer bredouille, alors qu’avant on remplissait nos pirogues à seulement 25 km des cotes de Nouakchott », dira-t-il.

Pollution, mono filament mis en cause

Selon lui, cette pénurie est due à la mauvaise organisation du secteur, pointant du doigt le mono filament et la pollution, d’être les principaux responsables. « Le mono-filament tue le fond marin, provoquant la migration des espèces vers d’autres pays tels que le Maroc ou le Sénégal voisin. Si ca continue la mer n’aura plus de poissons. Plus de 1000 pirogues clandestines pêchent dans la mer avec du mono filament, grâce à la complicité des hommes d’affaires véreux. », s’insurge le président de la coopérative le « mool ».

S’offusquant des accords de pêche, il continue « Les pêcheurs étrangers qui ont la licence de pêche ne respectent pas la loi. A la recherche de produit frais, Ils jettent dans la mer les poissons morts qui polluent l’océan et tuent les nombreuses espèces ».

La pêche industrielle n’est pas en reste « Pendant la nuit, les grands bateaux pêchent vers la cote et durant la journée, ils remontent en haute mer, ce qui constitue une menace pour la pêche artisanale. L’arrivée des pêcheurs étrangers dans nos cotes, pouvait avoir un effet positif pour nos marchés locaux, s’il y’avait une très bonne organisation du secteur » clame-t-il.

S’insurgeant contre cette rareté du poisson, Yali Ndiaye assène « la pêche artisanale fait nourrir la population mauritanienne. Tous les marchés locaux sont ravitaillés grâce aux produits de la pêche artisanale, alors que les produits de la pêche industrielle sont envoyés vers l’extérieur. Si le secteur venait à disparaitre, des milliers de famille seront dans le besoin. On n’arrive pas à rencontrer le ministre des pêches pour lui expliquer les problèmes.

On a envoyé des lettres partout. Nous avons sensibilisé les médias sur la problématique, mais la situation n’a pas évolué. Si ca continue, il n’y’aurait plus de poissons à se mettre sous les dents ».
Même son de cloche que le président du FLPA, section sud, Ibrahima Sarr qui s’offusque quant à lui contre « la transhumance » des pêcheurs « aujourd’hui les pêcheurs se sont tournés vers la pêche au poulpe qui est plus rentable que les autres espèces de poisson. Ce qui a contribué à la rareté du poisson dans les marchés.

Désespoir et crispation des vendeuses de poisson

Sur la berge on aperçoit des pêcheurs qui s’apprêtent à défier la mer. Au large des côtes, une vingtaine de pirogues mouillent leurs coques depuis le matin, à la recherche de la denrée rare. Assis sur leurs chariots, les porteurs scrutent l’horizon « c’est une période de vaches maigres, depuis ce matin, nous avons déchargé que 5 pirogues, par rapport aux jours fastes où les pirogues venaient par masse » disent ces charretiers.

L’anxiété et l’impatience se lisent sur les visages des vendeuses de poisson, assises quelques mètres plus loin. Les prix affichés sur le marché ont renvoyé certaines d’entre d’elles sur le sable blanc de la plage. Elles attendent l’arrivée des pirogues.

«Nous n’arrivons plus à satisfaire le client, car le poisson est devenu rare. Actuellement nous vendons la sardinelle à 80 ou 100 UM l’unité, ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Des appels de détresse qui se perdent engloutis par le bruit des vagues qui s’écrasent sur cette plage. La mer est-elle décidée de faire payer aux pêcheurs leurs erreurs?

Dialtabé (Le Quotidien et Rejoprao Mauritanie)



03/09/2012
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