Rejoprao-Mauritanie! Pour une pêche durable

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Pêche en Mauritanie: Réhabiliter les avis scientifiques !

Epine dorsale dans l’évaluation des stocks et donc des politiques des pêches, la recherche scientifique reste largement tributaire des aléas politique et des moyens consentis.

 

Il existe en Mauritanie, depuis le laboratoire des pêches, aïeul du CNROP, devenu par la suite Institut mauritanien des recherches océanographiques et des pêches (IMROP), une vieille prise de conscience de l’importance du suivi du secteur halieutique et du rôle de l’évaluation scientifique dans les projections des politiques des pêches dans le pays.

 

Il faut, cependant, reconnaître que cet engagement s’est vite heurté à la pratique, à la suite de l’émergence, dans les années 80, du secteur dans la politique économique, comme un moteur de cette charpente et une source renouvelable, pour le développement soutenu du pays. Un souhait resté pieux en raison de l’impossible péréquation entre les appétits mercantiles et la démission de l’Etat dans la gestion rationnelle du potentiel halieutique existant avec ses corollaires de dépassements, de corruption et d’extraversion irréfléchie pour satisfaire les caprices d’une poignée d’hommes d’affaires qui venaient, à la faveur du népotisme ambiant, de découvrir la poule aux œufs d’or.

 

Une constellation d’intérêts politico-financiers a ainsi émergé à la faveur des largesses des autorités politiques pour former l’ossature des plus grands bénéficiaires des rentes du secteur.

 

De ce panier à crabes, qui a fait mains basses sur les moyens de production, les subventions et même les structures publiques de commercialisation, jusqu’en mars dernier, persistent encore des requins et les poissons pilotes qui ont su entretenir la mauvaise gouvernance du secteur au grand dam des populations laborieuses et de la Communauté des scientifiques formés aux bonnes écoles.

 

Des décisions politiques à l’encontre des avis scientifiques
 

 

Le constat rapide de la surexploitation des stocks et du raclage des fonds marins intimement liés au boom du Poulpe, avait pourtant servi d’alerte précoce pour les scientifiques mauritaniens investis dans la recherche halieutiques.

 

Aucune voix discordante à la dilapidation des ressources nationales n’était ainsi tolérée. Les techniques de pêche de l’armement chinois, doublé de l’inauguration d’accords de pêche avec l’Union Européenne, sous le régime des licences libres, a précipité l’affaiblissement des stocks halieutiques, dans un environnement politique, peu regardant sur l’avenir du secteur.

 

La politique de «non politique» engagée par les autorités de l’époque a créé une race d’armateurs voraces peu soucieux de l’équilibre de la biomasse. Ce haro des rentiers qui accédaient, sans coûts réels, à l’exploitation de la ressource nationale, a généré une classe d’hommes d’affaires, dans le secteur, dont le principal objectif était de se faire de l’argent à tout prix et dans les meilleurs délais, au détriment de la collectivité nationale.

 

L’avis au départ consultatif de l’IMROP n’a véritablement jamais été pris en compte. L’image n’a pas trop changé depuis… Crée en 1978, l’IMROP a pourtant pour rôle «d’analyser les contraintes et les déterminants biologiques, physiques, socio-économiques et techniques du secteur de la pêche».

 

Confronté lui-même à la pertinence de la programmation scientifique, le CNROP (aujourd’hui IMROP) avait sonné l’alerte sur la surexploitation de certains stocks de poissons. Mais tous ses avis avaient royalement ignoré par ceux qui avaient la décision de gestion en mains. On peut cependant se réjouir, en Mauritanie, du fait que l’IMROP constitue l’un des instruments les mieux lotis dans la recherche scientifique dans toute la zone ouest-africaine.

 

On le voit donc, même si les moyens humains, financier, en équipement et en approches d’analyses restent déterminants dans la perspicacité de cet outil, c’est d’abord la volonté politique réelle d’asseoir la gestion des ressources halieutiques sur la base de données scientifiques permettant d’arriver à l’équilibre, fondé sur des statistiques viables, d’exploitation des stocks dont certains s’essoufflent totalement comme le poulpe (90% de perte de sa biomasse), les espèces démersales (50%,) et même le pélagique comme la sardinelle.
 

 

Nonobstant, ce tableau peu reluisant de l’implication effective de la recherche dans la gestion et les aménagements de la ressource, il faut espérer que la nouvelle politique des pêches qui accorde une plus grande part à la bonne gouvernance des ressources et à une plus-value certaine par le biais des débarquements dans le pays, corrige certaines pratiques qui ont piégé le secteur notamment en réduisant les propositions scientifiques à leur plus simple expression…consultative.


Jedna DEIDA

 

 

Historique et évolution de l’IMROP
1950 : Construction d’un laboratoire des pêches
1952 : Inauguration du laboratoire des pêches
1960 : Acquisition d’un navire de recherche côtière «ALMORAVIDE»
1970 : Première campagne de chalutage (Sardinelles )
1973 : Début des campagnes de chalutage dans le Banc d’Arguin
1978 : Création du Centre National de recherches Océanographiques et des Pêches C.N.R.O.P 1979 : Acquisition du N/O N ’Diago (don du Japon)
1994 : Restructuration (Décret 94-035)
1997 : Acquisition de deux navires Océanographiques AL AWAM et AMRIGUE (don du Japon) 2002 : Le CNROP devient IMROP (Institut Mauritanien des Recherches Océanographiques et des Pêches)
Source IMROP



31/03/2011
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