Comité des pêches 2012 : Le Burkina veut un fonds pour développer son aquaculture
Le Burkina Faso demande la création de fonds pour développer l’aquaculture dans les pays sans littoral. C’est à l’occasion de la trentième session du Comité des pêches de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), tenue du 9 au 13 juillet 2012 à Rome.
Le Comité des pêches (COFI), un organe consultatif du Conseil de la (FAO) a tenu sa trentième session du 09 au 13 juillet 2012 à Rome en Italie. Environ 120 pays, 64 organisations intergouvernementales et organisations non gouvernementales ont pris part à ce forum intergouvernemental mondial pour examiner les grands problèmes des pêches et de l’aquaculture dans le monde.
Actualité oblige, les travaux du COFI 2012 s’inscrivent dans la suite logique du sommet mondial sur le développement durable, Rio+20, tenu au Brésil en juin passé. D’où l’appel du directeur général de la FAO, le Brésilien, José Graziano Da Silva, au respect des engagements pris à Rio et la mise en œuvre des idées émises pour une meilleure sécurisation des produits de la mer, jouant un rôle essentiels dans la sécurisation de l’alimentation des populations. « On ne peut pas avoir un développement durable quand des hommes et des femmes vivent dans une pauvreté extrême », a-t-il indiqué.
Des records pour la pêche
Les débats sur la situation mondiale des pêches et de l’aquaculture ont mis en exergue l’importance de ce secteur pour l’humanité toute entière. Les pêches et l’aquaculture sont une source essentielle d’aliments et de protéines pour des milliards de personnes dans le monde. Plus d’une personne sur dix dans le monde tirent leurs moyens d’existence de ce secteur.
En 2011, le poisson et les produits de la pêche figuraient parmi les produits alimentaires les plus commercialisés à travers le monde. Après avoir chuté en 2009, les échanges mondiaux de poisson ont connu une hausse en 2010 et en 2011. Pour cause, une demande soutenue, des politiques de libéralisation du commerce, la mondialisation des systèmes, etc.
Il ressort des débats que plus que jamais, il est nécessaire de coopérer au niveau international pour une gestion durable mondiale des pêches et pour la préservation de la biodiversité. Les délégués s’accordent pour reconnaitre que le code de conduite de la FAO pour une pêche responsable et les plans d’action internationaux ainsi que les directives techniques qui les encadrent, peuvent contribuer grandement à la mise en place d’un système mondial de production durable de ressources halieutiques.
Le Burkina au rendez-vous
Le Burkina Faso, pays sans littoral, plus consommateur que producteur de poisson, a tout de même tenu le pari de la participation au COFI. Le pays était représenté par Laurent Diandioua Coulidiati, Conseiller près l’ambassade du Burkina Faso en Italie, représentant permanent adjoint auprès de la FAO. A côté d’autres délégations comme celles des Etats Unies d’Amérique ou de la république Chine composées d’une dizaine d’experts ou diplomates au moins. Aucun professionnel de la pêche du Burkina n’y était présent. « Bien que nous n’ayons pas de mer, nous consommons beaucoup de produits qui viennent de la mer. Aujourd’hui on parle de pêche responsable, il y a aussi les aspects sanitaires et autres par rapport à ce que nous consommons en termes de poissons et autres fruits de mer. Par rapport à cela nous trouvons que nous avons notre place quand même dans les discussions, bien que 75% des discussions concernent la grande pêche, maritime notamment », précise Laurent Diandioua Coulidiati.
La demande de poisson au Burkina se situe entre 25000 et 30000 tonnes par an, alors que la production nationale atteint à peine 10000 tonnes. « Pour combler ce gap, la solution préconisée c’est surtout l’aquaculture qui consiste à élever certains produits provenant de l’eau, depuis le poisson que tout le monde connait en passant par les grenouilles et aussi les crabes d’eau douce », fait comprendre le présentant du Burkina au COFI.
Selon le rapport sur la situation mondiale des pêches et de l’aquaculture en 2012, l’aquaculture est l’un des secteurs de production d’aliments qui croissent le plus. Le Burkina Faso a préconisé la mise en place de fonds pour permettre aux pays sans littoral de développer l’aquaculture et aussi de mieux organiser les acteurs de la pêche artisanale.
Le Burkina a également souhaité un transfert de technologies en matière d’aquaculture. « Les autorités burkinabé s’appuient souvent sur l’exemple du Brésil où l’aquaculture se déroule exactement comme on élève les poulets chez nous dans les villages. Nous avons demandé qu’il y ait un transfert de technologie vers le Burkina pour permettre à nos populations locales de maîtriser la technique », explique Laurent Diandioua Coulidiati.
Le Burkina Faso est reconnu pour ses nombreux barrages. Une aubaine pour le pays qui pourrait envisager l’association de l’agriculture irriguée à la pisciculture. Sur ce plan, le représentant du Burkina au COFI se veut rassurant. « Depuis un certain temps, on tient compte de la production de poisson dans la conception des différents barrages », déclare-t-il. Il poursuit en ces termes : « Il est question de revoir le processus de pêche, de la gouvernance responsable de cette pêche au niveau de la pêche artisanale pour voir dans quelle mesure organiser les acteurs sur le terrain et même comme on le fait depuis longtemps pour la chasse, prendre une période pour suspendre la pêche pour permettre aux poissons de se reproduire et éviter le tarissement des ressources au niveau de nos plans d’eau ».
Un autre aspect important soulevé par le Burkina au COFI est le financement des activités de recherche sur la pêche.« On a constaté que les sous-secteurs pêche et aquaculture sont les parents pauvres de la recherche développement au Burkina Faso. Quand on regarde toutes les productions, ce sont essentiellement les différents mémoires des étudiants et aussi quelques études commandées. Il n’y a pas de structure de recherche spécialement orientée sur la pêche et l’aquaculture », regrette Laurent Diandioua Coulidiati.
Au terme de la semaine de débats interminables, souvent marqués par des positions inflexibles de certains pays, le Burkina sort satisfait. Satisfait d’avoir pu faire entendre sa voix auprès de grands pays de la pêche. Satisfait d’avoir pris une part active dans le déroulement des travaux en tant que membre de la commission chargée de la rédaction du rapport de la 30e session du COFI.
Inoussa MAÏGA
Rejorpao/ Burkina
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