Les pêcheurs ouest-africains désarmés face aux chalutiers-pilleurs étrangers
C’est une véritable mafia qui opère pour piller les fonds marins le long de la côte ouest-africaine. La pêche illégale prospère malgré les accords, souvent opaques, passés avec les gouvernements locaux. Elle représente un énorme manque à gagner pour les pays de la région et contribue à l’appauvrissement des pêcheurs locaux.
Rien que pour le Sénégal, le manque à gagner s’est élevé à 300 millions de dollars en 2012. C’est 2% de son Produit intérieur brut.
Le rapport que vient de publier les experts de l’ODI, un groupe de réflexion britannique spécialisé dans le développement, est alarmant.
«Les poissons pêchés illégalement en Afrique de l’Ouest sont transportés dans des conteneurs géants réfrigérés et mélangés à d’autres cargaisons pour échapper à des contrôles en Europe», explique Alfonso Daniels, un des auteurs du rapport.
Un pillage en règle orchestré par des chalutiers géants venus parfois d’aussi loin que de la Corée du Sud ou de la Chine.
Selon Alfonso Daniels, l’opacité des accords de pêche entre gouvernements ouest-africains et leurs partenaires commerciaux, les capacités limitées de patrouilles et les failles juridiques à l’arrivée de ce poisson en Europe contribuent à aggraver le problème.
La surpêche coûte un milliard d’euros par an
L’Union européenne est le principal client du continent. Elle vient de renouveler pour quatre ans son accord de pêche avec la Mauritanie. Un accord considéré comme un modèle de transparence dans la lutte contre la surpêche qui coûte jusqu’à un milliard d’euros par an aux pays d’Afrique de l’Ouest.
Au terme de cet accord, 100 bateaux européens pourront pêcher dans les eaux mauritaniennes pour un total d’environ 280.000 tonnes par an. Les bateaux qui y auront accès viennent d’une douzaine de pays européens.
En retour, l’Union européenne s’est engagée à verser près de 60 millions d’euros par an dans le cadre de ce partenariat.
En 2014, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estimait à 400 millions de dollars par année, le montant des recettes de la vente de droits de pêche accordés à des opérateurs étrangers.
Sur le papier, les engagements sont parfaits, note Greenpeace. Mais les chercheurs de cette ONG de défense de l’environnement constatent que les communautés locales et le secteur de la pêche ne semblent pas en avoir beaucoup profité.
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