Rejoprao-Mauritanie! Pour une pêche durable

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Surpêche UE en Afrique de l'Ouest : Greenpeace accuse l’Ue de retirer le poisson des bouches des Pauvres

L’Ue reprend-elle dans ses filets ce qu’elle semble généreusement donner aux pays pauvres? La question est reposée par Green Peace qui tente à travers une mission d’observation d’activité de navires de pêche Ue en Mauritanie et au Sénégal (September 30, 2010) de démontrer, paradoxalement, «Comment l’Afrique nourrit l’Europe».

 

 

 

Les producteurs européens (espagnols) jubilent après la montée des prix du poisson notamment celui capturés dans nos eaux. Selon «La Voix de la Galice», citant les responsables de l’organisation des Armateurs espagnols (Anacef), après le retour au bercail des 20 céphalopodiers placés en Mauritanie, la forte demande de poissons a boosté les prix sur le marché espagnol après la crise financière de 2008. Ainsi le kg de poulpe se monnaie aujourd’hui à 7.5 euros contre 4 il y a seulement une année. Idem pour le Calamar qui passe de 2.5 à 5 euros/kg. Mais cette euphorie n’est pas du goût de Greenpeace qui vient de rendre public un rapport critique quant à la surexploitation de ressources par l’Ue dans les eaux africaines. Des observations dans les eaux mauritaniennes et sénégalaises corroborent le sentiment de Greenpeace d’une dilapidation continue des ressources halieutiques.

 

Observation, une majorité de navires européens

Pour Greenpeace, en effet, l’appauvrissement des eaux européennes en ressources halieutiques liées à une surexploitation et la recherche effrénée de nouveaux produits pour approvisionner le marché ont dicté le redéploiement des navires européens dans d’autres zones comme celles de pays pauvres. Selon ce dernier rapport de Greenpeace  effectué sur une période de cinq semaines, du 24 février au 1er avril 2010, cette organisation aurait répertorié «126 bateaux de pêche (à l'exclusion des pirogues) et quatre reefers (bateaux congélateurs utilisés pour le transport du poisson). Sur les 126 bateaux dont 93 bateaux étrangers, 61 bateaux étaient des navires de l'Union Européenne. Cela inquiète d’autant plus Green Peace que pour elle,  «les flottes européennes ont une capacité permettant de pêcher deux à trois fois plus que ce qui est durable. Cette surcapacité a mené à l'état catastrophique des pêcheries européennes». Greenpeace regrette par ailleurs que «plutôt que de trouver une solution au problème, l'UE a augmenté progressivement sa capacité dans des mers lointaines, afin de répondre à la demande mondiale croissante en produits de la pêche, et pour garder ses flottes en activité».

 

David contre Goliath

Mais Green Peace pose même des questions de moralité de l’activité tous azimuts de l’armement européen dans les eaux africaines, se demandant finalement si ce n’est pas l’Afrique qui nourrit l’Europe et si cette dernière n’est pas tout simplement entrain d’affamer les communautés côtières pauvres.  «Plusieurs des plus grands bateaux de pêche européens pêchent aujourd'hui dans les eaux de pays parmi les plus pauvres à travers des accords de partenariat de pêche ou des sociétés mixtes, mettant en péril la sécurité alimentaire locale en ne prenant pas en considération de façon adéquate les besoins des communautés côtières en matière d'accès au poisson comme source de nourriture et de revenus» conclut Greenpeace. Elle soutient à travers son rapport d'expédition «des problèmes de la surpêche», mais il faut aussi rappeler que le clientélisme politique dans nos pays ouvert grande ouverte la vanne par laquelle les sociétés mixtes sont souvent établies. Depuis des décennies, en effet, c’est la même poignée de consignataires de pêche industrielle notamment qui profitent des «largesses» des autorités pour nouer des partenariats décentralisés pour l’accès à la ressource nationale.   .

Le rapport fait néanmoins parler les pêcheurs  du Sénégal et de Mauritanie.  L’une des premières conséquences «des opérations de pêche étrangère en Afrique de l'Ouest, c'est que les communautés de pêche locale voient leurs propres captures diminuer et voient la destruction de leurs ressources marines par les opérateurs étrangers, alors que les communautés elles mêmes n'en retirent que de maigres bénéfices» assurent-ils.

 Jedna DEIDA (Le Quotidien de Nouakchott et REJOPRAO)



Un délégué ‘’choqué’’ par le traitement réservé à la pêche artisanale

Le président de la Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA), le Mauritanien Sidy Ahmed Abeid s’est dit, mardi à Banjul, ‘’choqué’’ de l’estime dans laquelle des participants à la conférence internationale sur la pêche tiennent le sous-secteur de la pêche artisanale.

‘’Nous avons constaté que les différents intervenants ont dit que la pêche est une activité industrielle, ce qui nous a choqué tous. Nous constatons que le sous-secteur de la pêche artisanale est ignoré’’, a martelé Abeid.

Il participait à la cérémonie d’ouverture, dans la capitale gambienne, d’une conférence des ministres en charge de la pêche et de l’aquaculture. Cette rencontre est organisée par le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).

‘’Nous les artisans pêcheurs sommes pauvres et faibles. C’est tout le monde qui nous combat. Pourtant, nous avons des milliers de pirogues en Mauritanie, au Sénégal, etc. Il faut que les décideurs sachent aussi que nous constitutions une force’’, a-t-il commenté.

La pêche artisanale se trouve dans une situation ‘’tragique’’, a relevé le Mauricien Vassen Kauppaymuthoo, spécialiste de l’environnement.

‘’Si la pêche artisanale continue d’être traitée comme elle l’est par les pouvoirs publics, a-t-il averti, il n’y aura plus d’artisan pêcheur dans le monde.’’

‘’Il est très important que les artisans pêcheurs s’organisent, montrent leurs muscles, parce qu’ils constituent une force pour l’instant tranquille, mais qui doit faire entendre sa voix’’, a suggéré M. Kauppaymuthoo.

‘’Il est aussi important, a-t-il commenté, que cette voix soit entendue, que les droits des artisans pêcheurs, qui pêchent depuis des millénaires, soient préservés, afin qu’ils cessent de subir la pression de la pêche industrielle qui vient piller les eaux africaines avec des méthodes illégales.’’

‘’Les Etats doivent donc prendre en considération les pêcheurs artisanaux dans leurs décisions’’, a ajouté le spécialiste de l’environnement.

‘’Je pense que les artisans pêcheurs vont, à la suite de cette conférence, organiser des conférences pour eux, auxquelles les Etats seront peut-être invités. Nous regrouperons les artisans pêcheurs, afin de constituer une force qui préserve leurs droits sur la zone côtière’’, a poursuivi M. Kauppaymuthoo…

APS (Assane Dème REJOPRAO)



04/10/2010
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