Rejoprao-Mauritanie! Pour une pêche durable

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Renouvellement de l'APP RIM-UE : Les questions qui fâchent repoussées !

Le premier round de négociations pour le renouvellement de l’accord de partenariat de pêche entre notre pays et l’Ue a pris fin jeudi à Nouakchott. Les questions cruciales comme l’accès la ressource, les possibilités de pêche et la contrepartie financière ont été ajournées à plus tard.

 

 

Jeudi dernier, les négociateurs mauritaniens et européens mettaient fin à un premier round de négociations pour le renouvellement de l’accord de partenariat de pêche existant entre les deux parties. Ces négociations qui ont duré trois jours ont été sanctionnées par un procès-verbal se rapportant à des mesures techniques portant sur le transbordement des navires européens dans la rade de Nouadhibou, sur l’efficacité du contrôle VMS, l’embarquement des observateurs scientifiques. Le document a été paraphé côté mauritanien par Cheikh Ould Baya, conseiller technique du ministre des pêches et côté européen par Constantin Alejandro, président de l'unité des accords bilatéraux et de la surveillance maritime dans les eaux internationales au sein de l'UE. Une première dans ce cycle de négociations, la présence des promoteurs de la pêche artisanale, représentés par leur présidence, Sid’Ahmed Ould Abeid.

 


Rendez-vous est pris le 27 juin à Bruxelles!

Dans la réalité, lors de ce premier round, les européens avaient mis sur la table des négociations les annexes de l’actuel accord de partenariat de pêche.  Un accord qui faut-il le rappeler rapportait au pays 305 millions d’euros, sur quatre ans. Selon les déclarations faites, « les deux parties mauritanienne et européenne ont pu parvenir à un accord sur plusieurs points et ont ajourné un certain nombre d'autres pour les prochaines phases des négociations». Il s’agit bien évidemment des questions clé à savoir l’accès la ressource, les possibilités de pêche, la contrepartie financière, le fonds d’affectation spécial… Or, ce sont évidemment les questions les plus délicates et qui semblent volontairement ajournées.

 

La résolution du PE en question

Si les deux parties accordent aujourd’hui leurs violons dans l’objectif d’un meilleur contrôle des captures et du respect des limites de pêche (CMS), il faut rappeler que la dernière résolution du Parlement  devrait conditionner les négociations de fond. Sur ces questions en effet, le législateur européen avait tranché précisant «pour que tout accès à la pêche dans les eaux mauritaniennes négocié pour les navires battant pavillon d'un État membre de l'Union européenne soit fondé sur le principe des stocks excédentaires visé dans la convention des Nations unies sur le droit de la mer », une recommandation qui va probablement à l’antipode de certains intérêts. Mais le parlementaire européen en fait son sacerdoce allant même jusqu’à proposer que « tout accès de l'Union doit concerner les ressources ne pouvant être pêchées par la flotte mauritanienne ». Cependant, peut-il être plus royaliste que le roi?

Ces normes rejoignent, en tout cas, les préoccupations de la société civile mauritanienne dont les pêcheurs artisans, aujourd’hui associés aux négociations mais qui pourraient ne pas être de la partie à Bruxelles. Ils ont en tout cas formulé le vœu de leur participation devant le département des pêches qui pilotent les négociations.  Les pêcheurs artisans qui viennent de reprendre leurs activités après l’arrêt biologique souhaiteraient, en conformité avec l’esprit de la résolution du PE, que certaines espèces comme le poulpe déjà exploité à plus de 35% de ses potentialités leur soit réservé exclusivement dans le futur accord.

Il faut donc attendre les trois autres rounds de négociations entre la partie mauritanienne et européenne pour être totalement édifié sur le  contenu du futur accord.  Les choses «sérieuses » ne commenceront donc qu’avec le cap de Bruxelles. Alors croisons les doigts pour que les négociateurs mauritaniens se montrent intraitables sur les enjeux d’une bonne gouvernance de la gestion de nos ressources halieutiques. Constantin Alejandro, président de la délégation de l’Ue, a réitéré le souci des mauritaniens et des européens d'édifier un partenariat véritable entre les deux parties.
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Jedna DEIDA (REJOPRAO et Le Quotidien de Nouakchott)

 

Extraits d’un entretien que nous a accordé en exclusivité le député européen Alain Cadec, vice-président dela Commissionpêche de l’Union Européenne.

 

Le Quotidien de Nouakchott : A partir de 2012, une nouvelle politique des pêches en Mauritanie, imposera le débarquement des produits capturés par les navires européens? Comment l’UE appréhenderait-elle cette nouvelle formule de partenariat? Et quelles pourraient être les contours du futur APP désormais balisé par le Parlement Européen?

 

 

Alain Cadec : Je pense que nous devrons soutenir la Mauritanie dans sa nouvelle politique de pêche, mais nous devons discuter de cette proposition dans le cadre de l'accord de partenariat que nous avons mis en place. Ce sera au Parlement européen et aux Mauritaniens de décider si cela participe aux intérêts de l'union et de la Mauritanie. Si les autorités souhaitent imposer le débarquement, c'est pour transformer les produits sur place et ainsi bénéficier de créations d'emplois et  favoriser la consommation locale d'une partie de la pêche.

 

En ce qui concerne le nouvel accord, le Parlement souhaite mettre en place avec la Mauritanie des plans de gestion des ressources à long terme afin d'avoir une meilleure visibilité sur les ressources halieutiques.  En ce qui concerne les pratiques de pêche, le Parlement souhaite être informé sur la raison des arraisonnements de certains navires européens par les autorités mauritaniennes. Nous souhaitons aussi que les autorités mauritaniennes puissent s'équiper de VMS afin de faciliter les contrôles. En ce qui me concerne, je souhaite que cet accord soit renouvelé.

 

 Le Quotidien de Nouakchott : Aujourd’hui que le Parlement européen a plus de pouvoirs de décision suite à l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, comment pensez vous influencer les négociations du futur accord de partenariat entre la Mauritanie et l'UE?

 

 Alain Cadec : Le Parlement européen est aujourd'hui co-législateur avec le Conseil, alors qu'avant le 1er janvier 2011, ses positions n'étaient pas contraignantes. Aujourd'hui, il est  en mesure de donner un "avis conforme", c'est-à-dire qu'il peut approuver ou refuser la proposition de protocole que propose la Commission européenne pour les accords de partenariat de pêche.

 

C'est pourquoi il est très important que la Commission européenne donne au Parlement toutes les informations dont il a besoin, notamment les rapports d'évaluation ex-post, afin d'analyser le protocole précédent et se faire son avis.

 

Le Parlement peut aussi interroger la Commission sur le protocole qu'elle est en train de négocier avec la Mauritanie et exposer sa proposition pour le suivant. Elle est tenue d'informer le Parlement sans délais durant les négociations…

 

Tiré du QDN N°749 en date du Jeudi 12 mai 2011

 



18/06/2011
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