Rejoprao-Mauritanie! Pour une pêche durable

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«Du Poisson Pour Tous» : D’Abuja à Banjul, faut-il craindre une approche mercantile?

Le Sommet d’Abuja (août 2005) avait indéniablement boosté  l’aquaculture comme en témoigne un récent rapport de l’Union africaine. Mais l’espoir suscité par cette diversification dans la production halieutique est contrarié, à l’ouverture de la Conférence des ministres africains de la pêche et de l’aquaculture de Banjul, par l’expectative dans laquelle s’installent les autres engagements. La Mauritanie absente à l’ouverture de la réunion ne  participe pas aux réunions des experts;

 

Ils sont plus de deux cents millions d’africains qui vivent directement de la pêche. Leur attention est focalisée sur la capitale gambienne où se tient, du 20 au 23 septembre courant, la conférence des ministres africains de la pêche et de l’aquaculture. Une occasion pour les décideurs politiques de mesurer le chemin parcouru et de passer en revue les réalisations accomplies sur la base des engagements souscrits en 2005 par le Sommet d’Abuja (Nigéria). La rencontre est suivie avec un grand intérêt. Les partenaires au développement, les institutions de financement internationales notamment,  ont répondu présent. Il y a  également les représentants d’organisations de la société civile continentale et mondiale, ceux des organisations professionnelles de pêche et des médias.

Mais dès à présent, des questions fusent sur ce que réserve Banjul en matière de choix stratégique pour le secteur des pêches et sa contribution au développement global du Continent. 

 

La bourse ou le panier?

 

L’évaluation est aujourd’hui certaine. Le sommet d’Abuja a contribué à la promotion de la production aquacole en Afrique. Elle est en progression de 13%  (rapport Ua). Mais l’évocation quasi-systématique de la recherche effrénée d’investissements pour «générer» encore plus de profits économiques par ce secteur sème le doute dans certains esprits. L’on se demande si la vision stratégique dans ce secteur, fondée sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ne risquerait pas d’être  sabordée au profit de la rémunération des capitaux. A quoi serviront les investissements?  A raffermir l’intégration des marchés et la compétitivité des producteurs africains? A la mise en place d’infrastructures? Va-t-on continuer de naviguer à vue? Banjul devrait rompre ce cercle vicieux de l’extraversion incontrôlée!

Le leitmotiv est d’“accroître les profits dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture». Ceci est d’autant plus alarmant que cette dynamique qui s’engage, se fait en totale ignorance du potentiel halieutique existant.  A Abuja, pourtant, l’on se préoccupait déjà de “l’épuisement des ressources de la pêche, (de) la détérioration des environnements aquatiques et les menaces posées aux secteurs de la pêche et de l’aquaculture durables ». La question qui s’impose, à ce stade, est de savoir qu’est-ce qui a été fait pour évaluer ce potentiel et en renverser sa tendance à la récession. A quoi peut-on mesurer aujourd’hui les efforts de lutte contre la pêche INN, source de pillages des ressources halieutiques?

Quatre ans après les résultats restent encore mitigés. Pire, les observateurs ont de sérieuses inquiétudes. La situation de crise financière mondiale n’épargne pas le Continent. Et de plus en plus, un rapport étroit est établi entre pêche et «création de richesses» laissant penser –mauvais présage- à la dialectique de la «Poule aux œufs d’Or ». Les institutions internationales de financement ont peut être trouvé une nouvelle opportunité de placements...On devrait y prendre garde.

 A Abuja, l’on promettait du «Poisson pour tous ». Sur nos rivages, dans nos contrées reculées, l’autre panier, celui de la ménagère, ressent le marasme qu’imposent la rareté du produit et sa forte valeur commerciale à l’étranger.

La vision stratégique sur laquelle se fonde l’Ua et le Nepad,  sera-t-elle ébranlée par l’appât des investissements        au détriment du secteur productif qu’offre dans plusieurs régions la pêche artisanale? Espérons seulement que nos dirigeants ne mordent pas à l’hameçon!

Jedna DEIDA

Envoyé spécial à Banjul



28/09/2010
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