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Commission mixte des pêches Mauritanie-UE: La quête d’argent occulte le fond!

Les travaux de la commission mixte des pêches sur l'accord de pêche et de partenariat entre la Mauritanie et l'Union Européenne (UE) ont pris fin jeudi à Nouakchott. Au-delà du satisfécit annoncé par les deux parties, il semble que les questions pécuniaires aient pris le pas sur les pratiques suspicieuses de pêche (utilisation des chaines racleuses et captures accessoires exagérées).

Alors que cette première rencontre à mi-parcours du protocole signé en 2008 devait se pencher sur des questions aussi sensibles que celles des chaines racleuses et le taux permissible de fausse-pêche, rien n’a filtré sur les décisions que les deux parties entendaient prendre pour être en accord avec les conclusions du CSC (comité scientifique conjoint) à ce sujet. Pire encore, les informations issues de cette rencontre dressent le portrait d’un ministère surtout obnubilé par le besoin de trouver des fonds à sa "stratégie de développement du secteur de la pêche". Une stratégie dont le coût global est estimé à 364 millions d'euros. L’accord avec l’UE, qui détiendrait (source délégation à Nouakchott) environ 130 navires pour 430 licences délivrées annuellement par le ministère des pêches, devrait en financer 16%. Cet accord concerne également 11 espèces de poissons capturés et débarqués directement en Europe.
Pourtant certaines questions liées aux impacts environnementaux des techniques de pêche des navires européens restent posées avec acuité. Il s’agit notamment du chalut aux crevettes, déconseillé selon le Conseil scientifique conjoint mis en place par les deux parties. Le rapport du Conseil se veut clair: « le chalut à crevette a un impact écologique important, lié d'une part à l'importance des captures accessoires et rejets, et d'autre part à son caractère potentiellement destructeur pour les habitats sensibles ». Interpelés sur la question, une semaine avant à Las Palmas par certaines organisations comme CAPE (Coalition pour des Accords de Pêche Equitables), les responsables de la Commission européenne avaient reconnu, eux-mêmes, qu’aucune avancée n’avait été enregistrée sur ce registre depuis la dernière commission mixte de 2008.

Arrêt d'utilisation d'engins non sélectifs
Les recommandations du Comité scientifique conjoint (CSC) n'avaient donc pas été suivies d'effet. L’explication avancée par la Commission a été trouvée dans les troubles politiques qui auraient «empêché les choses d'avancer ». Mais il est bien clair que l’urgence et le manque d’informations «scientifiquement établies » recommanderaient au moins, l’arrêt d'utilisation d'engins non sélectifs notamment dans les zones d’écologies sensibles
Les responsables mauritaniens, se focalisant sur la fameuse stratégie de développement du secteur, ont-ils sciemment oublié les questions qui fâchent? C’est l’impression qu’ils donnent du moins. On sait –un secret de polichinelle- que les navires européens contre toute attente sont indexés du doigt par moult marins mauritaniens. Ils s’adonneraient à une pêche peu respective de celle clamée par le Livre Vert. En effet, de nombreux témoignages de marins accusent des dépassements inouïs dans les prises accessoires (taux permissible de fausse-pêche). Ces faits troublent cette image de l’UE respectueuse des vertus de l’environnement. Il a été parfois rapporté que des mammifères marins avaient été tués dans cette course effrénée vers une productivité inlassable. Ainsi dans cette logique mercantile, certains navires ne ciblant que de petits pélagiques peuvent se retrouver avec des calles pleines de démersaux. Ils paieraient ainsi moins pour capturer des espèces de plus grande valeur commerciale. Les statistiques sur la biomasse s’en retrouvent ainsi faussées. Sur les onze espèces répertoriées accessibles aux navires européens, la délégation l’UE à Nouakchott révèle que « les principales activités se concentrent sur les crustacés, les démersaux, les céphalopodes et la pêche pélagique ». Mais, elle reste muette sur le volume des captures débarquées par les navires européens. Selon la délégation de l’UE, les données sur les captures seraient suivies par le ministère mauritanien lui-même.
Peut-on quantifier les dépassements dans les prises accessoires et combien cela pourrait rapporter au trésor public…C’est la nuit et le brouillard ! Une situation qui milite bien pour l’objectif de débarquement des captures en Mauritanie. Mais pour ce faire, le gouvernement a encore besoin de l’argent de l’UE pour construire les structures de débarquement. Cette politique restera-t-elle un vœu pieux ?
A 16% des 364 millions d'euros nécessaires à cette stratégie de débarquements ; l’appui européen est plutôt symbolique. Il présente la bonne foi. Mais cette goutte dans l’océan perpétue la pratique décriée des navires européens. Ces derniers ne sont pas prêts d’arrêter.
JD (REJOPRAO)



29/03/2010
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