Rejoprao-Mauritanie! Pour une pêche durable

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Maurititanie-Polyhondone Fishery Ltd : Grosses couleuvres chinoises !

La société chinoise Polyhondone navigue en eaux troubles, ces derniers jours. Outre son interprétation abusive du protocole avec notre pays, ses bateaux ont été surpris sur la côte sicilienne pour pêche INN. Que fera la Mauritanie, membre de l’ICCAT, contre ces prédateurs ? C’est là toute la question.

 

Depuis décembre 2008, la Mauritanie a adhéré à la convention sur la conservation des thonidés de l’Atlantique. Une adhésion fraîche mais qui, aujourd’hui, la place face à ses responsabilités depuis que des navires de pêche chinois –ceux de la société Polyhondone- ayant pour port d’attache Nouadhibou, ont été surpris en flagrant délit de pêche INN (pêche illicite, non déclarée et non réglementée). Une situation bien embarrassante  d’autant plus que des organisations internationales spécialisées ont dénoncé auprès de l’ICCAT l’irrespect par cet armement des obligations internationales. C’est aussi certainement, une opportunité ratée pour l’investisseur chinois de se faire passer inaperçu après la vive polémique suscitée par la convention signée, en juin 2010, avec notre pays.

 

Polyhondone intouchable ?

 

Comme nous l’évoquions dans une récente livraison (QDN N°978 du mercredi 13 juin 2012) suite à des révélations faites par l’agence France presse, plusieurs bateaux chinois se rendant en Mauritanie -explication fournie- par leur propre gouvernement, ont été épinglés  en Méditerranée en activité de pêche illicite sur du thon rouge. Les identifications de ces bateaux ont été fournies au secrétariat de l’ICCAT. Il s’agit des navires FU YUAN YU 966, 977, 974, 973, 975, 965, 972, 976, 953 et 956. Cette flottille de pêche est suspectée de pêche illégale au large des Baléares. Nous avons pris contact avec cette organisation pour connaitre de l’implication d’une telle affaire sur notre pays. Mais notre courriel n’a pas encore reçu de réponde à ce sujet. Si le département concerné tente d’éviter de se prononcer sur cette affaire désobligeante, des témoignages concordants attestent de la présence de cette flotte dans nos eaux territoriales. A moins qu’ils ne soient transformés en «bateaux fantômes».

Ce déni de constat relance d’ailleurs le débat sur plusieurs zones d’ombre de l’activité de Polyhondone fishery qui ne serait qu’une filiale du groupe militaire chinois « Poly Technologies, Inc. », branche militaire de China Poly Group. De quoi donner des sueurs froides! Des explications peut être fantaisistes lient cette convention à une possibilité de troc d’armement. Même si cela semble improbable, les deux pays y avaient quand même procédé, il y a quelques années, via la Smcp.


On continue à noyer le poisson

 

Toujours est-il que cette attitude de dénégation à laquelle le département n’apporte pas de démenti officiel relance la question de savoir quel parapluie protège Polyhondone en Mauritanie ? Les observateurs sont bien menés en bateau par cette fameuse convention Polyhondone signée aux forceps le 17 juin 2011, et son protocole d’application, qui octroie des avantages inouis à cette société. Aujourd’hui, de simples autorisations du ministre des pêches peuvent se muer en licences pour écumer la zone économique exclusive. Tous les bateaux chinois de Polyhondone travaillent aujourd’hui sans aucune licence spécifiant leurs caractéristiques et celles des engins utilisés. Pour 100 millions Usd et la construction d’un complexe de transformation, le protocole à la convention qui a une validité de 5 ans permettra à Polyhondone de capturer 100000 tonnes de poissons. Et pas seulement des pélagiques pour les besoins de la transformation. Il est reconnu à Polyhondone de pratiquer de la pêche de fond pendant ces 5 années que dure le protocole. C’est à se demander qu’elle est la baraka de Polyhondone? Dans la procédure (autorisation personnelle du ministre des pêches) comme pour le nombre, les engins et la nature des bateaux utilisés, la pêche « expérimentale » se transforme en un fourre-tout. D’ailleurs, un blocage est survenu depuis près de deux mois entre les deux parties en rapport justement avec l’appréciation de cette pêche expérimentale. Alors que la partie chinoise estime que l’usage de ses premiers navires ne suffiraient pas à faire tourner son usine de transformation de poissons, l’article 6 du protocole dispose expressément  que : « les deux parties peuvent convenir de mener des campagnes de pêche expérimentale dans la ZEE. A ce titre des autorisations peuvent être accordées pour des navires aux fins d’essai en étroite collaboration avec l’institut mauritanien chargé de la recherche. A l’issue de ces périodes d’essai les deux parties décideront de la suite à donner à la pêche expérimentale suivant les conclusions pertinentes du rapport final de cette expérimentation ».

A ce jour, l’IMROP n’a pas encore rendu ses « conclusions pertinentes » sur cette pêche expérimentale. Est-ce une surenchère de la partie chinoise  pour obtenir plus que ce qu’elle n’a déjà reçu comme avantages ? Ces mentors n’y verront aucun inconvénient. Malgré donc son apport à l’économie nationale (22% des recettes budgétaires et plus de 50% des recettes en devises), le secteur des pêches continue de connaitre une gestion obscure. Ce manque de transparence tant au niveau des accords bilatéraux (Chine) que multilatéraux (APP) est soupçonné à l’origine d’un marasme galopant dans le secteur, expliqué depuis longue date par l’important effort de pêche sur la ressource. Tous les arrêts biologiques n’ont pu inverser cette tendance à l’épuisement des stocks confirmé par les alertes des scientifiques. Et comme dans le mythe de la poule aux œufs d’or, l’on continue à distribuer à tour de bras des autorisations d’exploitation d’un gisement qui s’effrite de jour en jour. Les conséquences d’une telle gestion sont telles que le secteur a crée des richesses pour un petit nombre de personnes au détriment de la grande majorité des mauritaniens. Ce secteur qui aurait pu contribuer à atténuer le chômage notamment chez les jeunes mauritaniens, crée des opportunités marginales. 36000 emplois, tous secteurs confondus. Des miettes quand on sait qu’au Sénégal ou au Maroc voisins, de moindres richesses halieutiques, ce secteur pourvoit à des centaines de milliers d’emplois.

Jedna DEIDA (Rejoprao et Le Quotidien de Nouakchott)




21/06/2012
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