Rejoprao-Mauritanie! Pour une pêche durable

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La pêche (Mauritanie, Opinion): Vers un plan d’aménagement aussi pour la Courbine

En 1998, le Ministère des pêches a créé une Direction chargée spécifiquement de la conception des stratégies sectorielles et de l’élaboration de plans d’aménagement qui constituent, pour les stratégies et politiques, le support fondamental sachant que les principaux stocks des ressources de fonds présentaient déjà des signes de surexploitation.

Cette création a été considérée alors comme une percée dans le sens d’une gestion rationnelle de nos ressources, capable de garantir un équilibre entre les dimensions ‘’développement’’ et ‘’conservation’’ où, entre autres, l’effort de pêche autorisé correspondrait au potentiel permissible par espèce ou groupe d’espèces tel que recommandé par la recherche scientifique.

Dans ce cadre, ont comptabilise la stratégie actuelle (2008-2012) et quelques plans d’aménagement et/ou de gestion pour un ensemble d’espèces ou groupes d’espèces dont un seul est déjà adopté (plan poulpe) alors que les autres sont soit validés techniquement (plan pêche artisanale et côtière, plan crevettes, plan requins) ou soit en cours d’élaboration (plans mulet, courbine et tassergal).

L’atelier qui a été organisé par le Ministère des pêches les 29 et 30 novembre dernier sur la courbine, s’inscrit dans cette logique et vise à faire un diagnostic de l’espèce et à définir les éléments de base pour un futur plan d’aménagement et de gestion.

Sur le plan écobiologique, les données relatives à la distribution, la migration, la reproduction, la croissance et le régime alimentaire de la courbine, montrent l’existence de deux zones où l’espèce est souvent présente le long de l’année. D’où la recommandation d’approfondir les études pour voir s’il  s’agit d’une même cohorte ou de deux cohortes distinctes et d’accorder aussi une attention particulière à la zone du PNBA et du nord de celui-ci où les juvéniles y sont en permanence observés.

En matière d’exploitation, il s’impose d’instaurer pour cette espèce –et même pour toutes les espèces ciblées par la pêche artisanale et côtière-des licences qui seraient liées à la zone, à la période et à l’engin et technique de pêche ainsi qu’une fiscalité qui tient compte de l’efficacité ou de la capacité réelle de pêche de chaque type parmi les outils de production ; l’objectif étant de cerner davantage l’effort à autoriser et les captures réalisées par la pêche artisanale et côtière puis d’améliorer les recettes de l’Etat.

Au niveau de la socioéconomie, les améliorations préconisées par l’atelier devront diminuer les avantages tirés actuellement par les intermédiaires au profit surtout de l’Etat et des pêcheurs; ces derniers n’étant, dans la majorité des cas malheureusement, ni propriétaires des navires, ni financiers de leurs marées. A cet égard, la recommandation relative à la maîtrise des opérations de valorisation des produits et de la production par une main d’œuvre nationale qualifiée, et à la promotion d’instruments de financement adaptés pour rendre les pêcheurs indépendants, vise à accroitre la valeur ajoutée dans la filière et à réaliser plus d’équité.

S’agissant de la surveillance, une gestion de proximité autour d’infrastructures de débarquement adaptées (ports, points de débarquement aménagés, etc.) et l’organisation des pêcheurs en conseils ou comités locaux, aideront dans l’arsenal de préservation de la courbine et de lutte contre sa pêche illicite (INN).

Dans les domaines de l’évaluation des stocks, de l’aménagement et de la gestion, l’atelier recommande, par mesure de précaution, de ne pas augmenter l’effort exercé actuellement, d’une part, et d’évaluer la pression de la pêche industrielle sur le stock de la courbine et enfin, de bien étudier  l’impact de l’environnement sur la disponibilité de cette ressource (effet du changement climatique sur la migration, la reproduction et la croissance. etc.), d’autre part.

En somme, le rapport de l’atelier comportera un diagnostic complet de la filière courbne qui résume l’état de connaissances scientifiques et empiriques et puis un ensembles de propositions autour desquelles se construira un plan d’aménagement et/ou de gestion de cette espèce qui a beaucoup compté économiquement et socio-culturellement dans la vie des imraguen. Ce rapport montrera également que l’atteinte des objectifs visés restera assujettie à l’assainissement de tout le sous-secteur de la pêche artisanale et côtière et de la gestion par quota du potentiel des petits pélagiques.

Mais sera-t-on capable de répondre, dans ce rapport, aux questions (i) pourquoi le projet « PARTAGE » entre la Mauritanie et le Sénégal sur le mulet, la courba et le tassergal a été nommé ainsi ? puis (ii) est-ce le plan courbine aura plus de chance à être mis en œuvre que tous les autres plans qui l’ont précédé ?

Dr Sidi El Moctar Ahmed Taleb



05/12/2011
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