CSRP : Gestion des petits pélagiques, gros ennuis entre Etats?
Les Etats membres dela CSRP(commission sous-régionale des pêches) tentent d’engager un processus de concertation pour une gestion concertée des petits pélagiques. Pour ce faire,la CSRPa rassemblé à Mbour (Sénégal) des acteurs de la filière pour débattre des enjeux de la gestion de cette ressource migratrice.
La gestion des bancs de poissons migrateurs constitue une véritable source de préoccupation dans l’espace Csrp. Une aire qui regroupe sept Etats d’Afrique de l’Ouest, mais qui intéresse aussi des Etats comme le Maroc, autre pays de transit de ces poissons. Et c’est effectivement du fait de la mobilité de ces poissons, qui traversent les frontières maritimes, qu’est venue l’idée, pour chaque Etat, d’en pêcher le maximum dans la limite de sa zone économique exclusive (ZEE) avant qu’ils ne quittent ses frontières maritimes.
La CRSPprise entre plusieurs feux
La volatilité de cette pêcherie est l’une des raisons ayant conduit à la mise en place, en 1985, dela Commissionsous-régionale des pêches. Une organisation qui regroupe outrela Mauritanie, le Cap Vert,la Gambie,la Guinée,la Guinée Bissau, le Sénégal etla Sierra Leone.
Même si cette problématique s’est toujours posée aux différents Etats, elle révèle aujourd’hui d’une lancinante acuité du fait même de la raréfaction des ressources et des égoïsmes des Etats. Ce qui rend le «mandat d’harmonisation des politiques des Etats membres en matière de préservation, de conservation et d'exploitation de leurs ressources halieutiques et le renforcement de leur coopération au profit du bien-être de leurs populations respectives», mission dévolue àla CRPS, encore bien délicat. A cette réalité liée à la ressource, les contingences juridiques et institutionnelles mises en relief à l’occasion d’une étude sur la gestion concertée des stocks partagés des petits pélagiques en Afrique Nord Ouest (juin 2009) dépassent les enjeux de réforme dela Csrp, elle-même pour imposer le retour à une bonne gouvernance des «stocks de petits pélagiques (qui) sont aujourd’hui, pour la majorité des espèces surexploités» confirmait-on déjà lors du séminaire régional sur les mécanismes de gestion des stocks partagés des petits pélagiques en Afrique Nord Ouest (15 au 17 avril 2009). Parmi ces espèces ayant dépassé le le seuil tolérable d’exploitation, il y a le chinchard et la sardinelle ronde alors que le maquereau ne peut souffrir un effort substantiel. Mais le premier challenge pourla CSRPsemble être, « de se revitaliser à la faveur d’un "Plan d’action stratégique 2011-2015", où elle ambitionne le leadership par la redéfinition de son satut tant par « son positionnement stratégique que sa structure, ses relations avec ses partenaires, ses membres, sa culture d’organisation intergouvernementale, son organisation interne et son système de gouvernance». Un préalable pour faire asseoir tout le monde autour de la table. Et ce n’est pas gagné d’avance (la réforme).
Le Sénégal et la Mauritanie cités en mauvais exemple
Parmi les pays membres dela CSRPdont les actions seraient en déphase avec la logique de concertation, dans la gestion des petits pélagiques, l’atelier de Mbour cite le Sénégal etla Mauritanie.Lepremier pour avoir autorisé «illégalement » des navires russes à accéder à cette ressource en contradiction avec sa propre législation. Le second à cause de l’implantation des usines de farine qui pour produire une tonne de farine écrabouillent 5 tonnes de petits pélagiques. Dans ce dernier, comme dans le premier d’ailleurs, les recettes lorgnées procèdent de la même logique pernicieuse de pouvoir pêcher cette ressource qui indéniablement ne fait que passer. Mais dans le cas mauritanien, la floraison d’usines de farine qui empestent, chaque jour le climat dans notre capitale économique, est mue par la hausse du prix de la farine de poisson qui a frôle les 2000 Usd la tonne. La farine de poisson est notamment demandée dans l’aquaculture chinoise et l’élevage du Saumon. Le rassemblement des acteurs à Mbour visant à impliquer le plus grand nombre d’acteurs ne peut être que bénéfique pour exhorter à cette solidarité inter-états. Cependant, il laisse circonspects les observateurs sur la mise en place d’un cadre juridique de gestion concertée des petits pélagiques, largement tributaire des réformes envisagées au sein dela CSRP, elle-même. Une réorganisation dont la consécration prendra certainement encore beaucoup de temps avant que les Etats concernés ne soient convaincus de lâcher du lest car « la mise en place d’une gestion concertée des stocks partagée à une échelle sous-régionale (…) requiert un long murissement et encore plus d’apprentissage ». Mais l’exemple du succès de l’Omvs montre que les intérêts des uns et des autres peuvent bien converger.
Jedna DEIDA (Le Quotidien de Nouakchott et REJOPRAO)
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