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Sénégal- Attribution de nouvelles licences de pêche à des navires étrangers : La Commission consultative oppose une fin de non recevoir au gouvernement

Malgré la volonté des autorités en charge du secteur, la Commission consultatif de délivrance des licences de pêche a émis un avis défavorable à l’Etat dans son souhait d’attribuer de nouvelles licences de pêche à des navires étrangers dans les eaux sénégalaises pour en tirer des revenus supplémentaires.

Après moult tractations et l’opposition farouche des acteurs du secteur, la Commission consultative de délivrance des licences de pêche a finalement rendu un avis défavorable aux dix-sept demandes de licences de pêche de navires étrangers soumises par la tutelle pour examen. Une décision qui agrée le Groupement des armateurs et industriels de la pêche du Sénégal (Gaipes) qui s’est dressé en bouclier contre une telle mesure. Selon ces armateurs, celle-ci menace les ressources halieutiques sénégalaises parce que les bateaux en question aspirent tout sur leur passage. Ainsi, rapporte Ousmane Ndiaye, directeur de la Pêche maritime, par ailleurs président de ladite commission qui faisait face à la presse samedi, parmi les sept membres de la commission qui étaient présents vendredi dernier sur les neuf que compte la commission, quatre ont voté contre l’attribution de ces licences et 3 autres en étaient favorables.

Le ministère de l’Economie maritime avait transmis à cette commission des demandes de licences de pêche dans les eaux territoriales sénégalaises de plusieurs navires étrangers pour capturer en haute mer des ressources migratrices, entre la Guinée Bissau, la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc, essentiellement constituées de pélagiques et évaluées à 1, 4 million de tonnes. Ces autorisations ne devaient concerner, selon Yérim Thioub de l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam), qu’une période de quatre mois durant lesquels ces navires ne devaient pêcher que 60 mille tonnes sur le 1,4 million de tonnes disponibles pour les cinq pays. ‘Une soixantaine de navires étrangers ont été autorisés par nos pays voisins pour les pêcher. Il n’y a que le Sénégal qui ne participe pas à leur pêche. Donc, nous y avons aucune part, aucun bénéfice pour le moment. Aucune disposition du Code de la pêche n’interdit aujourd’hui à l’Etat du Sénégal de prendre des décisions sur l’utilisation de ces ressources’, regrette le directeur de l’Anam. Qui verrait mal le ministre de la Pêche autoriser des navires aspirateurs venir pratiquer cette forme de pêche au Sénégal.

Pour M. Thioub, l’attribution de ces nouvelles licences aurait été beaucoup plus profitable au Trésor public du Sénégal d’autant qu’au niveau de ces ressources migratrices, la pêche artisanale ne va presque jamais au-delà des 15 miles et pour celle industrielle, il y a qu’un ou deux armements qui vont dans la zone des 15 miles pour pêcher des pélagiques. Or, constate-t-il, ces navires qui ont demandé des autorisations de pêche au Sénégal, ne pêcheront qu’au-delà des 20 miles nautiques. C’est pourquoi, il croit savoir que c’est un train de milliards qui nous passe sous le nez. Car, à l’en croire, il ne devrait pas y avoir d’amalgame entre ces demandes et l’affaire des licences de pêche de ‘Sénégal 92’ qui, selon lui, était une opération où il n’y avait aucun écrit, aucun accord, aucun observateur sénégalais à bord des navires de pêche et où les ressources financières n’ont jamais été versées au trésor, mais dans des comptes privés. ‘Si l’Etat du Sénégal accorde aujourd’hui ces licences pour le bien du trésor public, ce que nos voisins ont déjà fait en autorisant pour cette soixantaine de navires étrangers, il y aura forcément une traçabilité et les ressources seront versées au Trésor’, signale Yérim Thioub.

Mais pour Ousmane Ndiaye, directeur de la Pêche maritime, cet avis défavorable de la commission n’engage pas le ministre. Qui, selon lui, n’a fait que consulter la commission. ‘Le ministre a la faculté d’aller dans le sens de l’avis de la commission ou dans le sens contraire’, soutient M. Ndiaye qui souligne ainsi que la suite de cette affaire reste suspendue à la décision du ministre de l’Economie maritime, Khouraychi Thiam, à qui revient le dernier mot.

D’ici là, les autorités renforcent la surveillance des eaux sénégalaises. En effet, selon le Colonel Matar Sambou, également présent à cette rencontre avec la presse, le ministère de l’Economie maritime s’est doté d’instruments de surveillance des eaux territoriales. ‘Parallèlement aux moyens dont nous disposons, avec les bateaux et les avions de surveillance, nous avons du nord au sud un maillage des zones côtières avec les services décentralisés de notre direction qui ont tous les moyens de détection et de surveillance des navires de pêche’, révèle-t-il.

Seyni DIOP

Source Walfajri



27/12/2010
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