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Observation de l’arrêt biologique: Est-ce la solution au marasme?

Depuis plusieurs mois, notre capitale économique, qui vit au rythme de la production halieutique, ploie sous le fardeau du marasme du déficit de production dans ce secteur. Dans cette région, plus qu’ailleurs, le cœur de la ville au bat au rythme des débarquements. Mais la situation est telle que tout le monde croise les doigts en espérant qu’à l’issue de l’arrêt biologique, le 1er juillet prochain, il y ait plus de poissons.

 

De l’avis de différents producteurs, la situation de la production halieutique -toutes espèces confondues - est préoccupante. Le poisson se fait rare et l’on ne sait pas trop comment pallier à cette mauvaise donne. La réputation des côtes parmi les plus poissonneuses du monde n’est plus qu’un vieux souvenir pour nos côtes soumises depuis quelques années à des politiques de pêches aventuristes. Pour l’heure donc, c’est la loi du marché qui prévaut. Plus un produit est rare, plus les prix montent. Ceci atténue un peu les craintes d’une crise mais jusqu’à quand cette situation va-t-elle prévaloir?

 

Les autorités lâchent du lest

Les dernières statistiques des débarquements n’inciteraient pas à l’optimisme, selon une majorité de producteurs. Seul reste donc l’arrêt biologique, observé depuis samedi 00 heure sur les côtes nationales et pour deux mois pour espérer qu’à la reprise des activités de pêches, le 1er juillet prochain, il y ait encore plus de poissons. Les producteurs n’affichent cependant pas un optimisme béat. Car, si l’arrêt biologique concerne plus de deux cents navires industriels dont une majorité de bateaux européens qui concurrencent les navires nationaux, la concurrence déloyale d’un armement subventionné et techniquement mieux fourni accentue le déficit de la production de certaines espèces, notamment celles à fortes valeurs commerciales comme le Poulpe et plus généralement toutes les espèces de céphalopodes ainsi que les espèces démersales. De quoi attiser encore les incertitudes des producteurs nationaux (industriels et artisans nationaux) quant à l’amélioration de la production in situ.

Mais, en apparences en tout cas, ce ne sont pas les aménagements entrepris jusqu’ici qui génèrent les solutions aux aléas de la politique des pêches. Depuis le premier arrêt biologique (août et septembre) imposé depuis 1996, sur avis scientifique, pour permettre d’atténuer, pendant la période de reproduction des poissons, l’effort de pêche sur certaines espèces surexploitées destinées à l’exportation, source  d’importantes recettes en devises, et pour favoriser la reconstitution des stocks, la situation a continué à s’aggraver. Ce qui explique d’ailleurs que les autorités aient décidé d’étendre dans le temps l’arrêt biologique aux mois de mai et juin. Et attendant  que les côtes mauritaniennes attirent plus poissons, chassés ou détruits par une exploitation effrénée créant un déséquilibre important dans la biomasse, les autorités semblent vouloir amortir ces effets pervers sur certaines espèces comme celles de fonds. Elles ont également levé partiellement l’interdiction d’exportation opposée depuis 2008 à l’exportation de certaines espèces pélagiques et sémi-pélagiques comme la Courbine.

 

Promesses d’assainissement

Dans une rencontre avec les acteurs du secteur, il y a quelques jours, à la faveur d’une visite dans notre capitale économique, le premier Ministre, Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf avait promis d’apporter de nouveaux changements dans la conception de la politique des pêches et des attentes des producteurs pour les sortir du marasme. Une promesse que les producteurs veulent voir consigner dans des mesures pratiques susceptibles de mener le secteur à bon port. Il aurait notamment promis d’échanger avec les différents segments du secteur pour envisager des solutions globales et concertées des problèmes du développement du secteur.

Quoiqu’il en soit, la situation est telle qu’aujourd’hui, les autorités ne peuvent continuer à pratiquer la politique de l’autruche car l’effet dominos de ce secteur pourrait affecter les ressources budgétaires de l’Etat lui-même. Si donc l’arrêt biologique est sans doute une mesure pour la gestion durable de la ressource, il ne semble pas suffisant pour conjurer la crise…

Il faut espérer que pendant cet arrêt biologique pour lequel la Dspcm mobilise tous ses moyens de surveillance, les autorités et les producteurs se retrouvent enfin pour tracer une nouvelle feuille de route pour le secteur et ainsi exorciser la crise dont le spectre plane déjà.

JD (Le Quotidien de Nouakchott + Rjoprao)



02/05/2010
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