Rejoprao-Mauritanie! Pour une pêche durable

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Mauritanie-Espagne-APP: Pêche en eaux troubles?

Comme nous l'annoncions dans une précédente édition, Miguel Arias Canete, ministre espagnol de l'agriculture, de l'alimentation et de l'Environnement, sera à Nouakchott pour tenter d'infléchir la position des autorités mauritaniennes dans le blocage des négociations de l'Accord de partenariat de pêche liant notre à l'Union Européenne. L'objectif du ministre espagnol est de convaincre les autorités mauritaniennes de lâcher du lest dans les négociations avec la Commission européenne dont le dernier round s'est achevé, en décembre 2011, en queue de poisson entre les deux parties...
Ils sont plus d'une soixantaine de navires espagnols, dont 40% andalous, accrochés aujourd'hui à la visite du ministre Arias Canete à Nouakchott. Une visite prévue mardi et dont l'objectif est de convaincre les autorités mauritaniennes de se montrer moins exigeantes vis-à-vis de la reconduction d'un nouvel accord de partenariat de pêche. Un accord -le plus important signé par l'Ue avec un pays tiers- avait achoppé, en décembre dernier, sur de profondes divergences entre les négociateurs. Les clivages liés aux nouvelles conditionnalités financières (75 millions d'euros par an dans l'ancien accord) et d'aménagement (débarquement de captures, embarquements de nationaux et recul de la zone de pêche...) de l'ancien accord par les mauritaniens étaient tels que les négociateurs des deux parties s'étaient quitté sans fixer une date pour un autre round pour un éventuel rapprochement de leurs positions. Et depuis, les deux parties se regardent en chiens de faïence. Une attitude que le gouvernement espagnol, soutenus par d'autres pays européens intéressés par l'APP avec la Mauritanie, récuse pour le retard accusé. C'est pour cette raison d'ailleurs que Caneté se retrouvera, à partir de mardi, à Nouakchott pour tenter d'aider à trouver des conciliabules en vue de parvenir à un compromis de dernière minute, d'autant que le second protocole s'achève le 31 juillet prochain.

Un accord balisé par le PE
Depuis l'ouverture des négociations entre les deux parties, en juin 2011, les négociations sont censées répondre aux désidératas de la volonté du Parlement Européen, sorti renforcé dans ces compétences d'appréciation des conventions liant l'Ue avec un pays tiers, depuis l'entre en vigueur du Traité de Lisbonne. Or, la veille même de telles négociations, le message lancé par le PE, en conformité avec la PCP de l'Ue, le 10 mai 2011, était de favoriser un accord de pêche responsable qui tienne compte de l'état des stocks de la ressource et de la contribution du secteur au développement socio-économique de la Mauritanie, dissociant contrepartie financière pour l’accès à la ressource, et appui au développement du secteur (fonds d’affectation spécial). Le principe était même que "tout accès à la pêche dans les eaux mauritaniennes pour les navires battant pavillon d’un État membre de l’Union européenne soit fondé sur le principe des stocks excédentaires" alors que l'évaluation expost de l'ancien accord confirmait bien la surexploitation de plusieurs espèces notamment pour ce qui est du poule dépassant déjà de 35% le taux permissible des captures. Cet état de fait a incidemment des conséquences négatives sur les petits producteurs mauritaniens et dictait normalement une réduction de l'effort de pêche. Cette sagesse du PE est cependant battue en brèche par l'accord signé par la Mauritanie avec la société Poly Hondone qui a, outre les avantages accordées pour le pélagique, accès aux ressources démersales déjà surexploitées. L'accord avec les chinois risque donc de donner de l'eau au moulin des pays européens voulant coûte que coûte à trouver des zones de pêche pour leur armement. Mais la résolution du PE, elle exige, de la Commission présidée par Maria Damanakis, "de veiller à ce que les activités de pêche qui relèvent de l’accord de partenariat satisfassent aux mêmes critères de durabilité que les activités de pêche menées dans les eaux de l’Union européenne, y compris en ce qui concerne la sélectivité" et "le code de conduite de la FAO pour une pêche responsable".

Manœuvres réduites pour Caneté?
Si l'on en juge par l'optimisme affiché par le ministre espagnol, qui évoque, non seulement la reconduction de l'APP mais -cerise sur le gâteau- son entrée en vigueur immédiate après sa signature pour éviter l'impact des procédures législatives de l'accord qui prend fin le 31 juillet, l'on se demande sur quelle foi, le responsable espagnol affiche une telle sérénité eu égard au fait que tous les observateurs estimaient jusqu'ici une incertitude dans la reconduction de l'APP. C'est d'ailleurs la même profession de foi que les députés PP feront valoir, semble-t-il, mercredi avec une proposition de loi allant dans le sens de la reconduction de l'APP avec la Mauritanie. Une gageure? Certainement car comme en témoigne l'Association espagnole des armateurs des congélateurs, la non-reconduction de l'APP sera un "coup fatal" pour l'armement espagnol qui n'a aucune autre possibilité de reconversion. Une éventualité que le gouvernement Rajoy exorcise certainement avec la pléthore de défis économiques auquel il fait face. Qu'est-ce qui justifie donc l'optimisme du ministre espagnol?
Si l'on s'en tient en tout cas aux conditionnalités mauritaniennes (contrepartie financière et aménagement des zones de pêches, débarquements et embarquements de marins mauritaniens...) et aux exigences de la résolution du PE, le ministre espagnol semble, à priori, avoir une très courte marge de manoeuvre. A moins qu'il ne nous gratifie de ces tours de magie dont seule le portefeuille diplomatique a le secret! Alors wait and see!
Jedna DEIDA  (REJOPRAO et Le Quotidien de Nouakchott)


27/05/2012
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