Rejoprao-Mauritanie! Pour une pêche durable

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La promotion de la transformation du poisson, une priorité de l’Etat

Dans son discours adressé à l’Oumma à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, le Président de la République a mis l’accent, en ce concerne particulièrement la pêche, sur la nécessité de transformer localement le poisson pêché dans nos eaux. Ainsi, cet objectif jugé hier stratégique par le Gouvernement devient aussi, désormais, prioritaire pour l’Etat.

 

A cet égard, un travail devant conduire à des résultats concrets devient alors obligatoire, c'est-à-dire des mesures et actions pertinentes bien définies, des échéanciers précis respectés, un budget conséquent mobilisé de manière à en disposer dans les délais prescrits et une responsabilité suffisamment située pour les personnes et structures chargées de l’exécution.

 

Dans ce cadre, une attention particulière devra être accordée à la forte demande à laquelle on fait actuellement face pour (i) l’installation d’usines pour la production de farine de poisson ; (ii)  la mise en place de projets d’investissement centrés sur des usines de transformation et des outils propres de production pour leur approvisionnement et enfin (iii) l’exploitation des petits pélagiques dans le cadre de licences libres (conventions libres) au détriment de l’affrètement qui semble disparaître petit à petit.

 

Ce problème se pose en termes d’une part, de définition de priorités conformes aux objectifs de la stratégie sectorielle 2008-2012, repris dans le CSLP III (2011-2015) pour les ‘’développeurs’’ et les ‘’conservateurs’’ et de l’autre, de choix pour les décideurs quant à privilégier tel ou tel scénario ou à trouver un juste milieu malgré les avis, parfois contradictoires, des spécialistes.

 

Pour une première catégorie de ces spécialistes, le potentiel de 1,2 millions de tonne/an est approximatif et est constitué d’espèces migratrices, ayant une durée de vie limitée et si elles ne sont pêchées chez-nous, elles le seront ailleurs dans les pays voisins du nord et/ou du sud .

 

Alors, tous les moyens sont, à présent, bons pour tirer le maximum de profits de ce genre de ressources et toutes formes d’exploitation et de transformation est la bienvenue qu’il s’agisse de la licence libre, de la production de farine de poisson, de collecteurs avec ou sans moyens d’approvisionnement propres, de navires de très grandes tailles, etc.

 

Ces spécialistes soutiennent également que le choix entre d’un côté, l’affrètement et la licence libre et de l’autre, la transformation des produits en conserves ou plats cuisinés et la production de farine, ne devra pas se poser pour notre pays à l’état actuel des choses.

 

Ils soutiennent également que les problèmes de la santé publique et de l’environnement ne doivent pas être exagérés. Car de nombreuses mesures peuvent être prises pour annuler les effets négatifs ou les diminuer fortement jusqu’au limites de tolérances et ce à travers l’adoption d’une réglementation et l’utilisation de technologies, toutes appropriées.

 

La position de la deuxième catégorie de spécialistes, se limite à souhaiter que toute décision à prendre soit conforme aux objectifs de préservation de la ressource et d’intégration des activités du secteur à l’économie nationale.

 

Plus explicitement, il s’agit pour elle de rappeler qu’un équilibre devra être recherché lors de l’allocation du potentiel permissible annuel des petits pélagiques sachant que celui-ci est limité et qu’il est aussi fortement menacé, entre autres, par les changements climatiques dont les conséquences se feront certainement sentir dans notre zone.

 

Il s’agit aussi de convenir sur l’appréciation de tout projet d’exploitation et de transformation de nos poissons à l’aune de retombées socioéconomiques évidentes, sûres et conduisant à une augmentation suffisante de la valeur ajoutée du secteur.

  

Par ailleurs, une préoccupation commune aux deux catégories de spécialistes, en constitue la nécessité (i) de considérer les infrastructures de débarquement comme un préalable pour l’objectif de transformation des captures réalisées dans la ZEEM, (ii) de concevoir un montage qui garantirait l’approvisionnement du marché national en produits et (iii) de limiter la taille des navires autorisés à pêcher dans la ZEEM et surtout d’éviter les navires déjà classés comme destructeurs pour la ressources et les écosystèmes par les organisations spécialisés, de par le monde, dans la défense de la biodiversité et de l’environnement.

 

Quant au problème des usines de production de farine qui se commente beaucoup ces derniers temps,  il serait opportun de redéfinir et de réglementer les conditions de leurs autorisations pour que soit garanti le respect des normes applicables à ce genre d’usines et susceptibles d’annuler -ou de diminuer fortement- les effets nuisibles sur la santé des populations et de l’environnement.

 

Une capacité de production en fonction du quota alloué, l’emplacement, la densité et le nombre d’emplois mauritaniens effectif, représenteraient des éléments importants à prendre en compte à ce sujet ainsi qu’une fiscalité en rapport avec les coûts de production et les prix réels de vente de la farine sur le marché international.

 

L’atelier programmé par l’IMROP du 2 au 4 Décembre prochain sur ce sujet, sera la tribune adéquate pour confronter les idées des adeptes précités du développement et de la conservation avec celles des gestionnaires de l’administration centrale, des professionnels du secteur et des représentants des organisations spécialisées de la société civile que cet Institut a bien voulu inviter à son forum.

 

C’est en eux donc, les participants à cette importante manifestation, que réside l’espoir de trouver les formes idéales pour l’exploitation et la transformation d’un patrimoine halieutique  de plus en plus convoité et recherché sur le plan international par les consommateurs.

 

L’approche de la fin de l’accord de pêche RIM-UE (juillet 2012) et le nombre croissant de pays et d’organismes privés candidats, exigeraient une réflexion profonde visant non seulement à analyser les résultats de cette rencontre organisée par l’IMROP, mais à les dépasser pour définir une véritable feuille de route axée sur les scénarii possibles et une option précise pour l’avenir./.

Dr Sidi El Moctar Ahmed Taleb



29/11/2010
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